Louis Marie Julien VIAUD, connu sous le pseudonyme littéraire de Pierre LOTI naît le 14 janvier 1850, à Rochefort-sur-Mer, dans une famille protestante où l' élément féminin qui prédomine, l'initie très tôt au dessin et à la musique pour lesquels il se révèle, particulièrement doué.

    L' un des événements majeurs de sa jeunesse heureuse est le retour de Polynésie de Gustave, son frère aîné, chirurgien de marine qui sera  ensuite affecté en Indochine dans l' île de Poulo-Condor, où il  luttera contre les épidémies et réprimera les émeutes. Embarqué, malade,  à bord d' un navire qui le rapatrie en France, il meurt en mer dans l' Océan Indien.

    C'est la première d' une longue série d' épreuves et de revers de fortune qui laissent la famille sans ressources et font que Julien VIAUD pour lequel ses parents souhaitaient l'entrée à Polytechnique,  préparera le concours d'entrée à  l' Ecole Navale. A 17 ans, il embarque sur le navire école, le Borda, en sort aspirant de seconde classe à 19 et fait son premier voyage à bord du vaisseau-école le Jean Bart. Le  15 août 1870 il est promu aspirant de 1ère classe.

    En octobre 1871,  Il embarque à bord de la frégate La Flore à destination de  l'île de Pâques,  il a pour  mission de faire des croquis des sites et monuments qui illustreront le rapport  destiné au Ministre de la Marine. Ce sera ensuite Tahiti où il découvre Papeete.

    Lors de ces embarcations,  poursuivant  l' habitude prise dès l' enfance de tenir un " journal intime " il remplit des cahiers de remarques et de croquis. Sa solde d'aspirant ne suffisant pas, à rembourser les dettes contractées pour aider sa famille, il cède ses dessins accompagnés de légendes à divers périodiques dont l' Illustration et le Monde Illustré.

    Le 26 juin 1873, Julien Viaud est promu enseigne de vaisseau et  rejoint au Sénégal, l' aviso Le Pétrel. En 1874 il regagne la France et entre en 1875 à l' Ecole de Gymnastique de Joinville, où il se forge un corps d' athlète.

    1876 - 1877, premier séjour en Turquie, à Salonique et à Constantinople à bord du Gladiateur. C'est là qu'il vit une idylle avec Hakidjé la jeune circassienne, appelée à devenir l' héroïne de son premier roman " Aziyadé ", publié en 1879 sans être signé. L' année suivante paraît " Le mariage de Loti " avec le sous-titre " Rarahu ", signé par " l' auteur d' Aziyadé ".

    En 1881, année de sa promotion au grade de lieutenant de vaisseau et de la parution du " Roman d' un spahi ", il adopte comme pseudonyme littéraire, le nom de " Loti " qui lui a été donné par les suivantes de Pomaré IV, reine de Tahiti  et qui figurera dorénavant sur tous ses ouvrages. 

    En 1883, paraît " Mon frère Yves ". Cette même année, Pierre Loti  est élu à l' Académie Goncourt et  1891 verra son élection à l' Académie Française.

    Entre ses deux élections académiques, il fait en 1883, la campagne du Tonkin à bord de la corvette cuirassée L' Atalante,  sert en 1885 à bord du cuirassé La Triomphante dans l'escadre de l' Amiral Courbet,  assiste à la fin de la campagne de Chine puis séjourne au Japon, ce qui lui fournit la matière de " Madame Chrysanthème "  et publie " Pêcheur d' Islande " en 1886.

    En 1887,  il fait un pèlerinage sur la tombe d' Aziyadé à Constantinople et à son retour  aménage dans sa maison natale un salon turc.

    A deux reprises entre 1892 et 1898, avec une coupure de 3 ans de service à la Préfecture maritime de Rochefort, le lieutenant de vaisseau Viaud commande le stationnaire de la Bidassoa à Hendaye, où il achète une propriété. Il s'attache profondément au pays basque qui lui inspire son roman " Ramuntcho ".

    En avril 1898  il est placé  " à  la retraite d' office ", avec le  grade de capitaine de frégate de réserve. A sa demande, la décision ministérielle est annulée et le capitaine de frégate Viaud, après un voyage aux Indes et en Perse pour le compte du Ministère des Affaires étrangères, embarque en 1900 sur le cuirassé Le Redoutable à bord duquel il participe à la campagne d' Extrême-Orient, à la guerre des Boxers en Chine. Il fait un nouveau  séjour au Japon puis  en Indochine  où il visite les ruines d' Angkor.

    De 1903 à 1905 il commande Le Vautour, stationnaire de l' Ambassade de France à Constantinople et écrit en 1906 le roman des harems turcs " Les Désenchantées ".

    Le 2 août 1906, il est élevé au grade de Capitaine de Vaisseau et fait encore un voyage en Egypte en 1907.

    Le 14 janvier 1910, se termine sa carrière maritime qui comptait 42 années de service actif et des embarquements à bord de 29 navires.

    En 1914, dès que commencent les hostilités avec l' Allemagne, le Capitaine de Vaisseau Viaud reprend bénévolement du service. Il est successivement affecté aux Etats-Majors du Gouverneur militaire de Paris, du Groupe des Armées du Centre et  du Groupe des Armées de l' Est et est envoyé en mission auprès du Quartier Général de l' armée italienne. En mai 1918, il est démobilisé pour raisons de santé.

    Pierre loti publie encore quelques ouvrages mais c'est son fils Samuel Loti-Viaud qui se charge des relations avec les éditeurs.

    Le 26 avril 1922, l' écrivain à demi-paralysé reçoit les insignes de la grand-croix de la Légion d' Honneur des mains de l' Amiral Lacaze, ancien ministre de la Marine.

    Il meurt le 10 juin 1923 dans sa maison d' Hendaye. Son corps est ramené à Rochefort. Le gouvernement militaire honore le célèbre écrivain de funérailles nationales. Le cercueil recouvert du drapeau tricolore est placé sur le pont d'un aviso, escorté de torpilleurs, qui l'emporte selon sa volonté dans l' île d' Oléron.

    L' inhumation a lieu à Saint-Pierre d'Oléron dans le jardin de la Maison des Aïeules. Son corps repose sous une simple pierre qui porte l'inscription " Pierre LOTI ".