Loti au jour le jour

Très attendu, le tome II du journal intime de Pierre Loti l'était d'autant qu'il arrive en librairie avec un an de retard. Tout beau, tout chaud, ce pavé a été présenté vendredi à la maison Pierre-Loti où naquit Julien Viaud en 1850.

Le tome I allait de 1868 à 1878, le deuxième balaie la période 1879-1886. Aux manettes, on retrouve le même duo : d'une part, Alain Quella-Villéger, Rochefortais agrégé, biographe de Loti et spécialiste de l'exotisme, et d'autre part, Bruno Vercier, président de l'Association pour la maison Pierre-Loti et éminent universitaire de la Sorbonne, spécialiste de Loti.

Quand Viaud devient Loti.

L'ouvrage raconte comment Julien Viaud est devenu Pierre Loti. La période qui va de ses 29 à ses 36 ans, emmène le lecteur à Ceylan, en Inde, en Chine, au Japon, dans l'Adriatique. Le tome de ce journal se termine par la publication de son premier livre, qui sera un best-seller, « Pêcheurs d'Islande » et aussi par son mariage. Voilà pour le fond.

Mais l'intérêt de cette somme vient de sa forme, le journal intime. « Une grande partie de ces pages a été écrite dans cette maison. Courtes ou longues, quotidiennes ou non, les pages racontent beaucoup de séjours à Rochefort », commente Alain Quella-Villéger.

Et les sujets sont très variés : la vie quotidienne, la vie de marin, les rêves, les souvenirs, la maison, les chats, les amours, les rencontres, les voyages. « Du coup, le journal se lit de façon très fluide », poursuit Bruno Vercier. Il faut dire que la vie de Loti est un vrai roman !

Une pièce maîtresse.

Les amateurs de l'oeuvre de Loti trouveront ici une pièce maîtresse. Car voilà un journal intime, inédit, intégral, scientifique et critique. « Il est rare de trouver un manuscrit en aussi bon état », s'étonne le duo.

Le travail d'Alain Quella-Villéger et de Bruno Vercier a été celui d'un bénédictin au service du texte. « Nous sommes partis du manuscrit, qui est toujours dans la famille (1), pour le déchiffrer ; l'annoter ; identifier les lieux ; traduire les mots étrangers ; expliquer des signes kabbalistiques ou reconstituer les passages manquants à travers la correspondance. Et cela en vérifiant toujours », commentent les deux universitaires.

Aux sources de l'oeuvre.

Voilà donc les sources de l'oeuvre de Loti. « Par exemple, lorsque ce deuxième tome nous mène en Bretagne, on trouve la matrice de « Pêcheurs d'Islande ». Ce document est aussi précieux parce qu'il s'étale dans la durée. Mais aussi parce qu'Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier en font un bon outil de travail, avec un index détaillé, une riche bibliographie, des documents en annexe, des illustrations et des fac-similés.

En tout, ce journal devrait être édité en cinq ou six tomes, il en reste donc au moins trois.

3 « Pierre Loti, journal, 1879-1886 », éditions Les Indes savantes, collection Rivages des Xantons. 500 pages. 39 euros.

(1) La Ville devrait voter son acquisition au prochain conseil municipal, le 22 octobre. Il devrait alors être versé au fonds de la médiathèque.